eJournals lendemains 34/134-135

lendemains
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
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2009
34134-135

Acquis par la lumière

2009
Béatrice Bonhomme-Villani
ldm34134-1350073
73 Béatrice Bonhomme-Villani Acquis par la lumière l’oiseau traversé par la lumière les fleurs coulent sur nos vies quelques bribes n’ont pas de nuit le pas acquis par la lumière une grange à ciel ouvert recueille le soleil des colzas dans une traversée de ciel entre deux champs c’est comme un soleil qui éclaire les lilas rouge sang j’ai cru vous revoir vous vous teniez le bras et vous veniez vers nous avec vos paroles d’amour rien n’a remplacé votre visage une toute petite pousse de vigne vierge sort sa feuillée enfantine le cerisier a déjà une fleur rose au bout de sa branche le bleu des luzernes évoque la mer et la rumeur foncée des vagues comme un tilleul de vert tendre approche la rosée le printemps a la couleur de tes yeux verts et tu ne le reverras plus le printemps a la couleur de tes yeux le célébrer, c’est ma façon de revoir vos silhouettes juvéniles quand vous vous teniez par la main peut-être que je suis traversée par vos vies comme une éponge de nuit, une algue 74 peut-être que je suis traversée par tous qui me marchent, me traversent et me sourient et que je sens à travers ma peau passer la peau de vos visages à travers mes mains vos mains et que je n’existe pas autrement que par votre traversée peut-être que je t’ai porté à travers la lumière et qu’il a fallu te déposer comme la déposition du Christ et maintenant je suis restée seule dans la solitude de ta matière de vie peut-être que je t’ai porté à travers la nuit de la mort pour t’aider à traverser et désormais que tu es passé je suis seule sur l’autre rive j’ai bien dû te laisser partir et accepter la déposition comme on embrasse la pierre peut-être que silencieusement j’ai accepté que tu t’en ailles où je ne pouvais plus porter qu’un simple souvenir de toi peut-être que les larmes ont fini de couler dans la poussière de quelques bribes laissées, acquises par la lumière comme un lieu ébloui de soleil jamais le jour n’avait été si vide, si clair l’enfance est demeurée dévastée de lumière (inédit)