eJournals Papers on French Seventeenth Century Literature 38/75

Papers on French Seventeenth Century Literature
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
2011
3875

Catherine Guillot, Colette Scherer (éds.): Desmarets de Saint-Sorlin, Mirame, Tragi-comédie. Publié avec une introduction, des notes et des illustrations par Catherine Guillot et Colette Scherer. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2010 (Collection "Textes rares"). 171 p

2011
Goulven Oiry
PFSCL XXXVIII, 75 (2011) 49 version of Tartuffe (v.1487-1492). That may well be, but her bibliography does not mention Molière (or Poquelin), much less which edition of his works she used for the 1666 version of Tartuffe, although the index cites him 6 times. Despite such glitches, the book is one that unites first-rate scholarship with a comprehensive reading of La Fontaine from the point of view of deceit, misperception, and illusion, and does so in elegant, easy-to-read prose, remarkably free of jargon. A must-have for anyone contemplating work on La Fontaine, whether for publication or for the teaching of a graduate course. Francis Assaf Catherine Guillot, Colette Scherer (éds.) : Desmarets de Saint- Sorlin, Mirame, Tragi-comédie. Publié avec une introduction, des notes et des illustrations par Catherine Guillot et Colette Scherer. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2010 (Collection « Textes rares »). 171 p. Catherine Guillot et Colette Scherer proposent, dans la collection « Textes rares » des Presses Universitaires de Rennes, une nouvelle édition de Mirame, tragi-comédie de Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1641). L’introduction comprend une notice sur la carrière littéraire de l’auteur. Le propos envisage d’abord les liens qu’entretient l’œuvre de Desmarets avec l’esthétique du ballet de cour. Mirame est ensuite replacée dans la trajectoire de l’artiste : les éditrices rappellent l’influence exercée par Richelieu sur la pratique dramatique de Desmarets. La tragi-comédie a été représentée pour la première fois le 14 janvier 1641, à l’occasion de l’inauguration de la grande salle du Palais Cardinal. Catherine Guillot et Colette Scherer décrivent le faste de ce spectacle, destiné à exalter la gloire du règne de Louis XIII. Dans un second temps, l’introduction fournit une série d’informations précieuses sur la texture de la pièce proprement dite : résumé analytique, éléments de structure, réflexions sur la distribution de la parole à l’intérieur de l’intrigue. La présentation de l’œuvre l’inscrit enfin dans l’histoire du genre. Mirame marque en quelque sorte l’extinction de la tragi-comédie, la pièce ne se distingue de la tragédie pure et simple qu’in extremis - dénouement heureux oblige. Comptes rendus 49 La troisième partie du propos liminaire commente les illustrations accompagnant l’édition in-folio de 1641. La publication du texte, dans la foulée de la première représentation, intègre non seulement un frontispice mais aussi cinq planches, disposées au seuil de chacun des actes. Ces estampes sont le fait du graveur Stefano Della Bella (1610-1664), protégé de Richelieu. L’« introduction » s’efforce de décrypter les significations de ces images. L’analyse détaille les effets de cadrage associés à cette série iconographique : le texte est rendu solidaire de l’espace. La page se fait rideau ; l’entrée dans le livre mime symboliquement la restriction du regard qu’engageait le spectacle. Le procédé crée une attente en même temps qu’il resserre le champ visuel. L’expérience de la lecture retrouve, ou prolonge, les plaisirs de la représentation scénique. En reproduisant des éléments du décor, les gravures gardent également une trace de l’émerveillement suscité par la nouvelle salle du somptueux Palais Cardinal. L’édition du texte, en 1641, prend la forme d’un hommage aux possibilités qu’avait offertes une scénographie à l’italienne d’importation récente. Les images confèrent au lecteur l’« œil du prince », en l’installant au centre du jeu de la perspective. L’illustration conforte l’importance de la ressemblance illusionniste : elle définit un foyer perceptif et reconduit l’unité de regard. D’une image à l’autre, on retrouve le jardin du palais, ses terrasses et ses colonnades. Mais les gravures scandent l’avancée de l’intrigue : on passe du jour à la nuit, on assiste au lever du soleil, on voit évoluer les protagonistes. Catherine Guillot et Colette Scherer décrivent avec minutie la représentation des visages et les mouvements des personnages. La succession des dessins montre que l’unité de lieu fonde l’écoulement du temps. Dans le sillage des travaux d’Emmanuelle Hénin, les éditrices insistent sur la richesse des échanges entre le théâtre, la littérature et la peinture. Poésie dramatique et art pictural sont rassemblés dans ce qui est appelé une « syntaxe spectaculaire ». Le livre devient un équivalent esthétique de la représentation autant que l’illustration vient compléter le texte. La mise en circulation d’images du spectacle est interprétée in fine comme une façon privilégiée de célébrer le prestige de la Cour et la grandeur de la France. L’originalité de la Mirame des Presses Universitaires de Rennes tient essentiellement à la reproduction et à l’analyse des gravures. L’intérêt que l’on trouve à cet ouvrage est néanmoins terni par des impairs grammaticaux. L’introduction laisse apparaître un nombre non négligeable de fautes ou maladresses syntaxiques, qui arrêtent la lecture. D’autre part, si la bibliographie mérite l’attention, l’édition du texte proprement dit est décevante. L’apparat critique se réduit à la définition de PFSCL XXXVIII, 75 (2011) 49 quelques mots ou expressions passées de mode. Minimal, l’appareil de notes est emprunté à l’édition du Théâtre complet de Desmarets, assurée par Claire Chaineaux et parue en 2005 chez Honoré Champion. Ce travail, dont Catherine Guillot avait préparé le dossier iconographique, fournissait davantage de documents et de précisions que l’édition des Presses Universitaires de Rennes : étaient notamment cités de larges extraits de la Gazette du 19 janvier 1641, et… reproduites les six planches ! La lecture croisée ne laisse aucun doute : l’« introduction » des PUR reprend, souvent littéralement, la majeure partie de l’« étude iconographique » de l’édition Champion. En somme : la Mirame de 2010 fait double emploi avec celle de 2005, tout en s’avérant moins aboutie. Goulven Oiry Charles Mazouer : Le Théâtre français de l’âge classique, Tome II. L’apogée du classicisme. Paris: Champion, 2010 (Collection « Dictionnaires & références », 20). 757 p. La collection « Histoire du théâtre français » publiée par les éditions Champion est destinée à dresser l’histoire du théâtre français jusqu’au XXI e siècle. Le professeur Charles Mazouer met tout son savoir et toute son érudition au service de cette vaste entreprise en signant les ouvrages consacrés à l’Ancien Régime : après Le Théâtre français de la Renaissance (2002) et le premier volume consacré au Théâtre français de l’âge classique et intitulé Le premier XVII e siècle (2006), voici le deuxième volume intitulé très « classiquement » L’apogée du classicisme. Entre les pages 400 et 401, les illustrations rassemblent des frontispices, des costumes, des décors et des affiches, et proposent au lecteur les plans des principales salles de spectacle. Deux précieux index, où se trouvent répertoriées plus de 550 œuvres, rendent cet outil de recherche très efficace, d’autant que le genre de chaque pièce est indiqué après son titre. Déjà justifiée dans le premier volume, la périodisation choisie par Charles Mazouer ne recoupe pas la tradition critique qui situe l’apogée du classicisme entre 1660 et 1680, car même si son terminus ad quem correspond bien au début de « la crise de la fin du siècle » situé en 1680 (p. 10), son terminus a quo néglige le début du règne personnel de Louis XIV (1660- 1661) pour se fixer à l’année de la Fronde (1650).