eJournals lendemains 34/134-135

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Narr Verlag Tübingen
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2009
34134-135

Camusie: Chroniques… algériennes

2009
Christiane Chaulet Achour
ldm34134-1350089
89 Préliminaires Christiane Chaulet Achour Camusie: Chroniques… algériennes Poursuivant le travail présenté dès 1982 dans ma thèse, puis développé dans Albert Camus, Alger - L’Etranger et autres récits 1 aux éd. Atlantica-Séguier en 1998 et complété dans Albert Camus et l’Algérie, 2 aux éditions Barzakh, en 2004, 3 je me propose, dans cet article, de rendre compte de la suite de ce „retour à Camus“ dont j’ai constaté les preuves concrètes depuis 1994 mais que j’étudiais depuis les années 70. En ma qualité de littéraire, c’est évidemment la postérité en écriture et les dialogues par textes interposés avec ses contemporains qui m’ont retenue depuis longtemps. L’Etranger, en particulier, a provoqué des interférences stimulantes 4 avec les romans d’Emmanuel Roblès, de Mouloud Mammeri, de Mouloud Feraoun mais surtout avec ceux de Kateb Yacine et de Jean Pélégri. J’ai également cherché ensuite comment la référence camusienne faisait surface ou retour, chez qui, à quelle occasion. Le Prix Nobel et la fameuse intervention dans une conférence de presse dont on n’a retenu qu’une expression lapidaire extraite de son contexte a provoqué une série de „Lettres ouvertes“, prenant la suite d’autres „Lettres“ adressées dès Noces à l’écrivain par de jeunes auteurs de son pays. Ces „Lettres“ s’écrivent encore, adressées à Camus au-delà de la mort, manifestant le besoin d’une communication qui n’a jamais pu s’interrompre. Jean Sénac, Mouloud Feraoun, Ahmed Taleb Ibrahimi, Arezki Metref, Abdelkader Djeghloul et d’autres: il y a là un corpus épistolaire qu’il faudrait dûment analyser. „Je vous sentais alors si près de moi, si fraternel et totalement dépourvu de préjugés! “ lui écrivait Feraoun; quant à Ahmed Taleb Ibrahimi, il rappelait: „Si vous n’étiez pas certes notre maître à penser, du moins représentiez-vous notre modèle d’écriture. La beauté de la langue nous émouvait d’autant plus que nous vous considérions comme l’un des nôtres. Nous étions, de surcroît, fiers que ce fils de l’Algérie eût atteint, solitaire, le rocher du succès.“ 5 D’autres traces encore ont pu être retrouvées dans les textes d’écrivains connus désormais: la beauté d’Alger (Mouloud Mammeri), Tipasa, bien sûr (Rachid Boudjedra, Akli Tadjer) ou une halte à Oran (Assia Djebar). Toutefois la référence à Camus fait retour massivement après 1993, dans ce qu’il est coutume d’appeler „les années noires“, sous la plume de journalistes comme je l’ai recensé dans un article récent. 6 La présence de Camus dans le „texte“ algérien post-colonial est devenue familière et continue son cheminement comme dans aucun autre pays, avec une pas- 90 sion diversement exprimée: le „texte“ algérien continue à interpeller le citoyen Albert Camus comme si cinquante années ne le séparaient pas de Stockholm! Si Camus ne le laisse pas indifférent, c’est par cette écriture profondément „algérienne“: une écriture rivée à une terre qui en porte les stigmates et les beautés, une écriture où les décors privilégiés sont algériens très souvent ou proches des paysages méditerranéens. C’est ce rapport fort exprimé par le conflit Histoire et Nature qui explique l’intérêt pour Camus: sans lui, tout écrivain nobélisé qu’il fut, il ne serait pas si tenace. Admiration pour ce chantre de la terre algérienne, déception et dépit que le rapport à l’Histoire ne se soit pas exercé dans le même sens que pour l’Espagne. La conscience d’une période douloureusement vécue lors de la résistance du pays pour son accession à l’indépendance est de plus en plus perceptible dans les lectures algériennes actuelles ainsi que l’impossibilité de Camus à admettre l’indépendance dans les termes mêmes que les tensions coloniales sur plus d’un siècle ont imposé au réel. Mais ce que plus personne ne nie, c’est la force symbolique de l’écriture donnant à lire le face à face difficile, conflictuel et meurtrier avec l’Autre dans le partage d’un Espace. L’écriture, forgée dans la référence au mythe, donne une universalité au propos qui, tout à la fois, a permis au texte camusien d’échapper à son ancrage algérien et l’a rendu exemplaire d’un rapport tendu à l’altérité. Si la complicité s’exprime dans le rapport passionnel à la terre algérienne, dans l’adhésion à un style qui bouleverse, la réserve est douloureuse ou le rejet brutal quand le texte introduit l’élément humain, de façon sélective. Où sommes-nous, dans l’œuvre de Camus, s’interrogent les lecteurs algériens? 7 Cette question est rarement posée à d’autres écrivains antérieurs ou contemporains de Camus. On la trouve diversement résolue chez Mohammed Dib, Mostefa Lacheraf, Abdelkader Djemaï, Saïd Arezki, Youcef Zirem, Aziz Chouaki, Rachid Mimouni ou Maïssa Bey. Sur cette Algérie de Camus s’interrogent aussi ceux de „sa“ communauté comme José Lenzini, Annie Cohen, Jean-Jacques Gonzalès, Alain Vircondelet et Jean Noël Pancrazi. 8 Le 20 Juillet 1994, lors de l’Université méditerranéenne d’été à Montpellier, université ouverte, en priorité, aux universitaires algériens exerçant en Algérie, la journée était consacrée à Camus sous le thème: „Cultures et représentations identitaires“. Ce qui est ressorti d’un débat ouvert est le désir de ne plus figer Camus et son œuvre autour de „la“ phrase assassine mais de s’approprier sa création en tant qu’œuvre d’art qui a beaucoup à dire aux Algériens. Qu’accepte-t-on de l’autre pour atteindre un monde commun? Comment faire pour que deux „lieux“ cohabitent? L’un des intervenants - Nadir Marouf 9 -, témoignait que, lorsqu’il fut arrêté à Oran en 1958, il a trouvé de jeunes co-détenus qui lisaient Camus: „Aujourd’hui, ne sommes-nous pas des Camus un peu paumés“ s’est-il demandé? L’exil que connaissaient plusieurs intellectuels explique, en partie, une autre lecture de l’œuvre. Ce sont quelques événements ayant donné lieu à un enrichissement de ce que je nomme la „Camusie“ 10 sur lesquels je voudrais revenir pour engranger des do- 91 cuments qui permettront (peut-être? ) de ne pas répéter toujours les mêmes lieux communs sur le rejet algérien d’Albert Camus. Il va sans dire que je ne prétends pas à l’exhaustivité dans ce recensement. 1 - Entretien journalistique Le 8 août 2004, dans le quotidien de langue arabe Al Khabar, Hamid Abdelkader me posait quelques questions. Les réponses ont bien entendu paru, traduites en arabe. Il m’a semblé que c’était une bonne pièce à apporter au dossier que de les donner ici, en français. Les questions dénotaient les préoccupations dont un journaliste algérien arabisant se faisait l’écho .11 - Le lecteur de votre livre 12 va certainement sortir avec de nouvelles impressions sur Camus, un Camus colonialiste. Partagez-vous cet avis? * Non. Pourquoi? Car „Camus colonialiste“, c’est justement „le procès“ fait à Camus depuis la fameuse phrase de Stockholm. „Colonialiste“ réfère à une doctrine et une conviction qui sont tout à fait contraires aux convictions de Camus et c’est ce que j’ai essayé de montrer. Mais Camus, écrivain d’Algérie inscrit dans une histoire qui est celle de la colonisation en Algérie avec toutes les contradictions et la complexité que cette situation a entraînées, oui, je pense que le lecteur peut avoir cette nouvelle lecture et peut-être est-ce ce que vous entendez par ce qualifiant de „colonialiste“. Disons, „écrivain de l’Algérie coloniale“. - On sent que le Camus de L’Etranger n’est pas celui de La trêve civile, ni celui du Premier homme. Pourquoi cette distinction? * D’abord parce que vous faites allusion ici à des textes et à un fait qui ne sont pas du même registre. Le premier récit de Camus et sa dernière œuvre inachevée autobiographique appartiennent au domaine de la littérature; la trêve civile, elle, est un fait, une prise de position qui a marqué le début de l’année 1956 pendant la guerre même: c’est une position citoyenne. En tant que critique littéraire, je ne peux traiter de la même façon les prises de position d’un citoyen et les écrits d’un écrivain. Je ne dis pas qu’il y a une étanchéité entre les deux mais il n’y a pas non plus de confusion. L’acte de création, la littérature, est un effort de tout écrivain pour dire le réel où il est plongé au moyen des „effets“ de l’art. De plus, si on prend les dates: 1942 (le récit est écrit pendant la seconde guerre mondiale et même en gestation avant), 1956, 1959-1960 (et l’inachèvement) et qu’on pense aussi bien à l’histoire internationale qu’à l’histoire interne de l’Algérie, ce sont des dates „lourdes“. On pourrait dire qu’elles comptent double dans la vie des individus. Il me semble certain que lorsque que Camus écrit L’Etranger dans le contexte personnel et historique qui a été beaucoup étudié, il a une certaine lucidité sur ce qui se passe dans son pays et il condamne l’injustice coloniale mais il 92 n’a pas une position de rupture (qu’il n’aura jamais) par rapport à la France métropolitaine. En même temps, il est mobilisé, comme de nombreux jeunes intellectuels de l’époque, par les méfaits du fascisme (il est un passionné de l’Espagne et là, il n’y a aucune ambiguïté dans ses prises de position aux côtés des Républicains contre le franquisme; il est aussi clair dans son engagement dans les rangs de la résistance française). A partir de 1956, A. Camus est tiraillé (et rien ne nous permet de dire que ce n’est pas une douleur extrême) par la guerre terrible qui a lieu dans son pays, l’Algérie. Pour moi, l’appel à la trêve civile et Le premier homme sont deux réponses à la fois semblables et très différentes à une situation où il ne veut/ ne peut prendre position. Que sur le moment, ceux qui attendaient de lui un choix clair et déterminé en aient été ulcérés, déçus, bouleversés (comment ne pas penser à Jean Sénac, bien sûr mais aussi à Kateb Yacine, Rachid Boudjedra, Mostefa Lacheraf ou Mouloud Feraoun), c’est sûr. Mais sans oublier l’immédiat d’une guerre et ses effets, ne peut-on pas nous, aujourd’hui, tenter une autre lecture des œuvres littéraires de Camus. C’est ce que je m’efforce de faire. Sans chercher à le blanchir de quoi que ce soit ni à le noircir. Ce n’est pas mon problème. Je ne suis ni censeur, ni juge... - Entre L’Etranger et Le premier homme, y a-t-il une continuité dans la pensée de Camus? * Oui certainement! Il faut penser que moins de vingt ans les séparent... C’est si peu! On a le même resserrement tragique dans l’écriture d’un Mouloud Feraoun par exemple. D’autres écrivains ont eu plus de temps et avoir pu consacrer cinquante ans à l’écriture plutôt que vingt n’est pas négligeable. La continuité, elle est justement dans un regard sur le pays. J’ai ainsi montré, je l’espère, comment Camus remet sur le métier d’écriture les fameuses scènes du „dimanche au balcon“ ou de la „scène du meurtre“. On peut apprécier le chemin parcouru vers une plus grande conscience des conflits interethniques si violents dans une colonie de peuplement et mis au jour par la guerre. Cette clarification se fait en partie au détriment de la forte symbolisation de la source qui marque la réussite de L’Etranger. Dans le dernier roman, il explicite aussi une relation forte au pays, à une enfance pauvre mais heureuse, à la dette envers l’école qui a pu faire des „fils de pauvre“ des citoyens incontournables sur les plans, international et national, etc. Mais il y a aussi accomplissement (malgré l’inachèvement du Premier homme). L’Etranger est un premier récit. Lorsqu’il écrit Le premier homme, il est un écrivain accompli, reconnu et dont l’écriture s’est forgée avec plus d’assurance et de moyens. - Vous dites que Camus est un fossoyeur du roman colonialiste: est-ce que cela voudrait dire qu’il a élevé voire transcendé la littérature au rang de la création littéraire? * Oui, c’est ce que je veux dire. Camus se démarque de la littérature de la colonie qui était essentiellement une littérature de propagande à la gloire de la popula- 93 tion française en Algérie et de la colonisation ou une littérature du voyage et de l’exotisme. Je crois, et j’essaie de le montrer, qu’il dépasse tout cela en inscrivant dans la littérature universelle (l’universalité de l’œuvre de Camus, ce n’est pas un simple lecteur qui la détermine, c’est le poids de la réception d’une œuvre dans différents pays) une œuvre pétrie d’Algérie mais qui n’est un roman de la prémonition, comme je le dis, qu’à un second degré de lecture. Au niveau le plus évident, des lecteurs très divers dans le monde, se sont retrouvés dans cette idée d’absurde, de perte de repères de l’individu dans l’Histoire, sentiment tellement partagé pendant la guerre. „Fossoyeur“ parce qu’après lui, plus aucun écrivain „colonialiste“ au sens le plus étroit du terme, ne pourra prendre le devant de la scène comme avait pu le faire un Louis Bertrand par exemple. - Que reste-t-il de Camus aujourd’hui? * Vaste question! ... Rien ou... Tout. Tout dépend de la lecture qu’on en fait et si on la fait. Tout dépend de quel pays on parle. J’ai essayé de montrer pour l’Algérie, combien, souterrainement, l’écrivain et le citoyen Camus étaient souvent dans la référence des écritures, avec contradiction et complexité. D’autres que moi ont aussi montré cette présence forte chez tel ou tel écrivain algérien particulier. Je n’ai pas traité de l’importance internationale de Camus car ce n’était pas mon propos et que c’est largement connu et étudié. Je suis persuadée que les écrivains ont deux voies d’avenir: une où ils sont aidés par les institutions, scolaires en particulier, pour être lus et appréciés; l’autre qui vient de la force même de leurs œuvres qui, malgré les vicissitudes de l’Histoire, résistent, disparaissent, reviennent à la surface et continuent à agir sur le lecteur. Il faudra encore du recul pour apprécier ce que „deviendra“ Camus dans notre pays. 13 2 - Première rencontre algérienne consacrée à Camus depuis 1962 Cette rencontre a été organisée par trois associations algériennes, 14 les 11 et 12 juin 2005, à Oran, sous le titre: „Albert Camus: Oran, l’Algérie, la Méditerranée“ C’était la première manifestation publique sur l’écrivain en Algérie depuis l’indépendance. 15 Le colloque a su croiser trois modes d’expression: 16 * Celui de la communication scientifique. Brahim Hadj-Slimane avec „La vie culturelle à Oran au temps de Camus“ a situé les activités culturelles des communautés en présence à Oran, en soulignant l’étanchéité certaine, manifestant la méconnaissance de ce qui se faisait de part et d’autre de la frontière invisible mais bien réelle qui les séparait. Sous l’intitulé, „Présence de femmes“, Maïssa Bey, romancière, a poursuivi, par une exploration bio-fictive des écrits de Camus, la re- 94 cherche entamée précédemment autour de la mère et de son silence, par le tissage plein d’humour et de sensibilité - en entrelaçant citations des fictions et citations de faits biographiques -, du regard de Camus sur les femmes,17 sur les représentations qu’il nous en donne, sur sa conception du mariage et du couple. Nourreddine Saadi a choisi le roman qui a donné à Oran sa „stature“ internationale, La Peste. Partant d’une remarque souvent faite: „Invisibles, absents de la ville et du récit, du décor, de l’histoire...“ que l’on peut lire dans Camus à Oran d’Abdelkader Djemaï par exemple, il a interrogé cette question récurrente qui revient dans toute évocation du texte camusien. A partir de là, il a éclairé la position de Camus par rapport à l’Histoire et les idéologies de son temps et a mis en valeur son refus catégorique du „déterminisme historique“. En suivant au plus près le texte, il a battu en brèche quelques appréciations convenues sur ce roman. Amina Azza-Bekkat a traité de „Camus et l’antériorité latino-algérienne“. Les ruines romaines que l’on retrouve ici et là en Algérie témoignent d’une civilisation développée et d’une culture aussi diverse que riche. La présence romaine devait laisser non seulement des monuments mais aussi des textes dont certains ont traversé le temps. Alors que la littérature latine s’essoufflait sur le sol d’origine, c’est en Afrique du Nord et dans le royaume numide que de grands noms devaient prendre le relais. Deux grands noms ont été évoqués avec beaucoup de clarté: Apulée de Madaure, auteur du seul roman de langue latine, L’Âne d’or, texte un peu licencieux et grivois qui a l’originalité de partir de récits oraux et dont les histoires, plus particulièrement le conte de Psyché et d’Eros, reviendront à l’oralité; Augustin, père de l’Eglise, qui a inauguré un nouveau genre littéraire dans ses Confessions, le récit autobiographique, qui connaîtra le succès que l’on sait. Ces grands noms de la littérature et de la pensée universelle appartiennent au patrimoine de l’Algérie et une certaine filiation peut se retrouver d’Apulée à Camus, via Augustin. Evoquant l’essai d’Edward Said, Culture et impérialisme,18 Ieme van der Poel, Professeur à l’université d’Amsterdam, a tenu à en souligner les limites pour le cas de Camus, sans rejeter pour autant l’apport remarquable de cet intellectuel sur les objets qu’il aborde. Edward Said caractérise Albert Camus comme un écrivain franchement colonial dont les écrits ne font qu’affirmer la relation binaire qui existait entre colonisés et colonisateurs en Algérie. Ieme van der Poel remet en discussion cette analyse en sollicitant deux nouvelles de 1957 de L’Exil et le royaume, „L’Hôte“ et „La femme adultère“, dont l’économie narrative et idéologique lui semble plus fondée sur l’idée de l’échange interculturel. Ainsi de Camus à d’autres textes de la littérature algérienne de langue française, il y a une parenté qui conduirait à voir une unité, au-delà de la fracture de la guerre d’indépendance, séparant les auteurs coloniaux des auteurs post coloniaux. J’ai moi-même présenté une étude sur „Albert Camus et des écrivains d’Oranie. D’Emmanuel Roblès à Maïssa Bey“. mettant en perspective quatre écrivains: Camus (1913), Roblès (1914), Dib (1920), Sénac (1926), pour insister sur les convergences de l’enfance à l’adolescence, de celle-ci aux activités professionnelles et culturelles adultes; les divergences aussi devenant particulièrement sensibles après 1954. J’ai insisté sur deux points spéci- 95 fiques, l’un à l’Oranie, le rapport à l’Espagne; l’autre, plus commun, la complexité de la cohabitation coloniale. * Celui du „témoignage“ sur l’effet produit par l’œuvre. Ainsi Malek Alloula a retracé tout un itinéraire vis-à-vis de Camus, d’un éblouissement adolescent, puis du ressentiment de l’adulte, à un apaisement. Plusieurs auditeurs se reconnaissaient dans cet itinéraire. Il a choisi plus particulièrement le texte „Le Minotaure ou la halte d’Oran“ pour remettre en cause l’image négative que Camus aurait laissée de la ville. En sollicitant et interrogeant les textes eux-mêmes ainsi que leurs marges, Malek Alloula a parcouru un lieu géographique et spirituel qui, dans les années 1939-1940, se trouve être à l’origine d’inspirations créatrices donnant conjointement naissance à un essai et à un roman. Ce qu’il a souhaité, c’est donc de suivre, par le biais du texte, le cheminement d’une „familiarité“ d’Albert Camus avec des lieux qui sont „les nôtres, que nous partageons donc avec lui“. Abordant un événement méconnu, Jean-Claude Xuereb 19 a évoqué „Les rencontres de Sidi Madani et l’école d’Alger“ dont il a pu suivre une journée, à 18 ans. En effet, entre décembre 1947 et mars 1948, ont eu lieu, dans un ancien hôtel transatlantique à Sidi Madani, dans les gorges de la Chiffa, des rencontres d’intellectuels, écrivains, artistes venus d’Algérie et de France. Y participèrent notamment Louis Benisti, Malek Bennabi, Albert Camus, Jean Cayrol, Mohamed Dib, El Boudali Safir, Louis Guilloux, le docteur Khaldi, Michel Leiris, Brice Parain, Louis Parrot, Francis Ponge, Emmanuel Roblès, Jean Sénac, Jean Tortel… Ces rencontres, bien qu’ignorées de la plupart des historiens ou passées sous silence, 20 méritent d’être évoquées comme un moment important de la vie intellectuelle de l’époque. José Lenzini enfin dans „l’Algérie essentielle de Camus“ a replacé dans le contexte historique, l’Algérie que vit Camus comme enfant, comme adolescent puis dans ses premiers écrits, cette Algérie qui marque profondément l’homme et son devenir. Revisiter certains lieux clé de sa jeunesse (le quartier pauvre, la tonnellerie, le grand collège, Tipasa, les collines découvertes avec l’oncle) permet de mieux appréhender l’œuvre, la morale et la philosophie d’un Camus en prise directe avec ses racines. Douloureux parcours au terme duquel il ne pourra choisir. Pourquoi? C’est le reflet d’une vie faite d’engagements et de fidélité à ce pays… José Lenzini a donc proposé de retourner sur les chemins de jeunesse d’un Camus à la quête de midi le juste et de cette notion de „contrepoids“ essentiels. * Celui du documentaire. Le colloque a offert aux participants trois documentaires visionnés, introduits et commentés par Mimi Redjala-Strahm de l’Institut du Monde Arabe de Paris: „L’Ecole d’Alger“, un film de Chantal Stoïchita de Grandpré de la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges; le film anecdotique de James Kent, „Albert Camus, un combat contre l’absurde“ 21 et celui d’une très belle tenue de Jean Daniel; „Albert Camus, la tragédie du bonheur“. 22 Ces deux journées ont été riches, plein de sérieux et d’émotion sans aucun des débats où s’enlise habituellement la mise en relation de l’écrivain à son pays 96 d’origine. Elles ne purent être suivies d’une publication mais la plupart des textes présentés ont été édités dans d’autres cadres ensuite. Cette première rencontre fut exemplaire à plus d’un titre: d’une part parce qu’elle rassemblait des intellectuels et écrivains des différentes communautés d’Algérie; d’autre part parce qu’en faisant une place centrale à la réflexion analytique mais sans éviter le témoignage, elle a élevé le débat. Il ne s’est jamais embourbé dans les sentiers piétinés depuis 1957. L’apport des documents audio-visuels a été aussi une entrée plus ludique dans la contextualisation de l’œuvre et de l’écrivain, nécessaire en particulier pour de jeunes participants n’ayant pas connu l’Algérie coloniale. 3 - Une seconde rencontre à Paris en octobre 2005 - Engrangement de textes Nous nous y attarderons moins car elle a eu lieu à Paris, néanmoins „en milieu algérien“ comme le précise le débat, au siège de l’Association de culture berbère (l’ACB) dans le 20 ème arrondissement. Par ailleurs elle a donné lieu à une publication rendant compte très fidèlement des communications faites et des débats dans Actualités et culture berbères, 23 publication de l’Association, sous le titre „L’Autre Camus“. Cet „autre“ Camus a été diversement compris par les intervenants. Rendant compte de ce dossier récemment, Dominique Ranaivoson 24 n’en a pas perçu les apports positifs et a lu toutes les interventions comme „accusatrices“, selon le poncif bien ancré „des Algériens et Camus“, relevant ici et là une expression pour étayer son jugement. Il est vrai qu’il n’est pas aisé de décoder les transformations des regards, au-delà de l’émotion et de la passion qui caractérisent une après-midi camusienne animée par des Algériens! Du côté des accusateurs, Henri Alleg a répertorié toutes les accusations contre Camus dont la plupart ont fait long feu aujourd’hui. Hacène Hirèche, en utilisant une grille de lecture de la théorie de la communication, a „démontré“ le „racisme“ de Camus dans Misère de la Kabylie, déclenchant de fortes protestations dans la salle. Denise Brahimi a choisi de ne pas parler de Camus et l’Algérie mais a remis, dans le débat, les pendules à l’heure, en ce qui concerne, l’interprétation proposée de l’enquête du jeune journaliste en 1939. Benjamin Stora a avancé une mise en contexte très mesurée de Camus par rapport à la lutte nationaliste. Les autres orateurs, Nabile Farès, Nourredine Saadi et moi-même ont analysé, très diversement, la position de Camus dans son temps avec beaucoup d’empathie. Comme l’a rappelé N. Saadi, se faisant l’écho de l’écrivain au début de son intervention, Camus demande „d’être lu avec attention“. Après toutes ces rencontres qui prenaient la suite de ce qui avait été fait durant L’Année de l’Algérie en France - Djezaïr 2003, l’idée m’est venue de réaliser une „anthologie“ d’écrivains d’Algérie sur Camus. Germait déjà l’idée d’un colloque international à Alger, d’une plus grande ampleur que la rencontre d’Oran. Travaillant 97 à rechercher ce que les intellectuels et écrivains algériens avaient pu dire ou écrire à propos de Camus et de son œuvre, j’ai pu constater, à diverses occasions, que rares étaient ceux qui restaient muets à ma demande: les uns et les autres avaient à dire sur Camus. L’aventure avait commencé très concrètement quand il fallut trouver quelques écrivains pour intervenir à Lourmarin aux journées annuelles des Rencontres Méditerranéennes Albert Camus qu’avait organisées Jean-Claude Xuereb, en 2003. 25 Il allait de soi que Maïssa Bey qui avait déjà répondu à la demande de Jacqueline Lévi-Valensi pour le colloque de Beaubourg en 2002, „Camus et le mensonge“, viendrait. Ce fut le tour ensuite d’Aziz Chouaki qui, en envoyant „Le Tag et le royaume“, offrait un texte d’une extrême originalité et complexité sur son rapport à Camus. Nourredine Saadi acceptait avec enthousiasme. Alek Baylee Toumi analysait sa création théâtrale, Entre la mère et l’injustice, véritable plaidoyer pour Camus et attaque de ses contempteurs. Enfin Abdelmadjid Kaouah proposait d’interroger la relation Kateb Yacine/ Camus. La rencontre d’Oran avait permis ensuite de voir surgir un nouveau texte, celui de Malek Alloula. Cela ne pouvait que donner le désir d’en trouver d’autres encore. Deux entretiens avec José Lenzini, à Oran et Youcef Zirem, rencontré à l’ACB et dont le frère venait de rééditer Misère de la Kabylie avec une introduction très pertinente aux éditions Zirem à Bejaïa (Algérie) en 2005, donnaient deux nouveaux regards sur l’œuvre de l’aîné. Ont été alors sollicités, outre ceux et celles évoqués dans cette chronique, Leïla Hamoutène, Boualem Sansal, Michèle Villanueva et… James Baldwin qui a parlé de Camus dans son ouvrage de 1971-1972, Chassés de la lumière. Cette anthologie dont j’ai rassemblé les textes et que j’ai introduite a été éditée dans les deux volumes des Actes du colloque publiés en juin 2007, à Alger. 26 Le souhait est, bien entendu, qu’elle renouvelle les recherches et les lectures et étoile les regards algériens sur l’œuvre camusienne au-delà des poncifs et des idées reçues. Le colloque dont ces Actes sont le résultat s’est tenu à Tipasa puis Alger en avril 2006 réunissant quarante universitaires et écrivains de différents pays mais surtout d’Algérie et de France. Les Actes très riches qui viennent d’être publiés demanderaient tout un autre article pour être commentés. Mais pour rester dans le ton de cette chronique, je citerai un passage de l’introduction d’Afifa Bererhi donnant bien le ton de ces journées où des analyses convenues et d’autres plus novatrices ont été présentées: 50 ans après sa consécration et presque autant après l’Indépendance de l’Algérie, l’âme de Camus parcourt toujours „les ruines de Tipasa et du Nadhor“ et dans l’ex Mondovi de sa naissance, son nom circule comme une légende dans le relais des voix. L’oubli ne peut pas atteindre [...] celui qui fut l’objet d’admiration et simultanément de controverses ici en sa terre natale et ailleurs [...] Dans la polyphonie des discours et des points de vue, Camus échappe à toute catégorisation, c’est le propre des exilés, „entêtés à caresser leurs chimères trop réelles et à poursuivre de toutes leurs forces les images d’une terre où une certaine lumière, deux 98 ou trois collines, l’arbre favori et des visages de femmes composaient un climat pour eux irremplaçable“ (Carnets I) [...] Quand la dissipation des malentendus se produit, il y a lieu de convoquer l’envers et l’endroit des choses, d’interroger les refuges du silence lorsque la parole devient inaudible et de revisiter Camus avec la maturité de l’intelligence qui fait regagner à chacun ses droits. [...] Lire Camus, le retrouver dans la variété des ses personnages pour un même thème et dans celle des écritures littéraires algériennes et le situer plus largement dans la Méditerranée et hors toute frontière, a été le cheminement d’une rencontre internationale au sens plein du mot. 27 Comment dire mieux que dans ces lignes et dans la réalisation de ce colloque sur les lieux camusiens, le „retour à Camus“ dans d’autres termes que celui de „sensibilités toujours à vif“ 28 dont on voudrait suggérer qu’elles n’ont rien à nous apprendre car trop émotives. L’aventure des lectures algériennes de Camus se poursuit pour le pire 29 mais surtout le meilleur. 1 Albert Camus, Alger. L’Etranger et autres récits, Biarritz, Atlantica, 1999, 217p. Auparavant, Un étranger si familier, lecture du récit d’A. Camus, Alger, Entreprise Nationale de Presse, 1985, 94p. 2 Albert Camus et l’Algérie, tensions et fraternités, éditions Barzakh, coll „Parlons-en! “, Alger, avril 2004, 188p. 3 Dans d’autres articles dont je rappellerai, à l’occasion, les références en notes. 4 Parler d’interférences n’est pas une périphrase pour désigner un plagiat. Les textes vivaient dans une même atmosphère où L’Etranger avait pris une place considérable qui empêchait les écrivains de faire comme si le roman n’existait pas. C’est d’un échange littéraire qu’il s’agit. 5 Cf. p. 138 à 140 de Albert Camus et l’Algérie, op. cit. La même année, en 1959. 6 „Camus dans la presse algérienne des années 1985-2005“ in: Albert Camus: l’exigence morale, Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi, ss. la dir. de Agnès Spiquel et Alain Schaffner, Paris, éd. Le Manuscrit, coll. L’Esprit des Lettres, 2006, 141 à 161. 7 Deux réponses à cette question lancinante qui a été reprise par Anouar Benmalek à la rencontre de l’ACB en octobre 2005 sur laquelle je reviendrai ensuite: „L’un des plus grands écrivains algériens ne parle pas de ceux qui se nomment aujourd’hui algériens“, 44, „L’Autre Camus“, in: Actualités et culture berbères, Paris, Automne-Hiver 2006-2007, n°52-53. La première de Mouloud Mammeri, dans son entretien de 1987 avec Tahar Djaout: „A un écrivain d’envergure internationale et né en Algérie, on a fait le reproche de n’avoir introduit d’Algérien qu’une fois dans son œuvre et sous l’espèce d’un étrange et dangereux manieur de couteau.“ Mouloud Mammeri estime ce procès dérisoire dans la mesure où cette mise en scène textuelle ne faisait que reproduire avec fidélité la réalité coloniale: „Les deux communautés [...] étaient parfaitement étrangères l’une à l’autre. J’entends quant au fond [...] Pour un Européen d’Algérie, un Algérien n’avait pas d’existence pleine. C’était un modèle vaguement fantasmatique: quelques fonctions [...] quelques schémas rapides [...] un vague fonds de peur [...] Dans la société coloniale, ce n’est pas un individu, ce sont tous les Algériens qui sont étrangers, plus étrangers que le plus étranger des Pieds-Noirs.“, Alger, Laphomic, 1987, 20. 99 La seconde, une déclaration de Maria Casarès dans une émission de radio, à méditer: „Il m’a toujours donné l’impression d’un funambule qui marchait sur un fil, essayant de ne pas tomber ni d’un côté ni de l’autre, sur ce fil qui devait, peut-être, l’amener au but.“ 8 Albert Camus et les écritures du XX e siècle, Actes du colloque organisé à Cergy-Pontoise en novembre 2001, Artois Presses Université et CRTH de l’Université de Cergy-Pontoise, 2003, 380p. 9 Professeur à l’Université d’Amiens après l’avoir été à l’université d’Oran. Musicien et musicologue éminent. 10 „Camusie“ = ce pays imaginaire où chacun apporte ses arguments en faveur de ou contre… J’emprunte ce néologisme à J.-E. Bencheikh dans sa préface à Jean Sénac, dérisions et Vertige - Trouvures, Actes Sud, 1983: „Quelle Algérie mythique, et lui appartenant en propre, avait-il construit en son cœur pour constater comme un enfant que son rêve volait en éclats médiocres? La Camusie n’est pas de ce monde. L’Algérie ne s’est pas libérée pour construire un mythe, mais pour entrer en souffrance. C’est aussi un droit.“ 11 Bien entendu, les questions sont exactement celles posées par le journaliste. 12 Il s’agit du livre de 2004 publié aux éditions Barzakh, à Alger. 13 La question semble intéresser les journalistes puisqu’au mois d’août 2004, consacrant une page en français (principe de cette page culturelle le jeudi dans un quotidien de langue arabe) à mes travaux sur la littérature algérienne, l’ensemble des journalistes présents reviendra avec insistance sur Camus. Cf. El Djazaïr News Jeudi 26 août 2004. 14 Les Amis de l’Oranie, Bel Horizon Santa Cruz et Mémoire de la Méditerranée (Algérie) - en partenariat avec les CCF d’Alger et d’Oran. 15 Le maître d’œuvre en a été Yahia Belaskri. Né à Oran; journaliste à Radio France Internationale (Paris), il a publié: „Histoire fausse“ in: Dernières nouvelles de la Françafrique (recueil de nouvelles, éd. Vents d’ailleurs, 2003) et L’épreuve d’une décennie 1992-2002. Algérie, arts et culture, co-dirigé avec C. Chaulet-Achour, éd. Paris-Méditerranée, 2004. 16 Quatre en réalité si on inclut la tentative théâtrale, non encore aboutie, de jeunes Oranais sur L’Etranger. 17 Elle en a repris la matière dans sa réédition de L’ombre d’un homme qui marche au soleil - Réflexions sur Albert Camus, Montpellier, éd. Chèvre-feuille étoilée, 2004, collection „D’un espace l’autre“. Le petit livre regroupe son premier article publié dans Algérie Littérature/ Action, puis l’intervention de Beaubourg. Enfin, dans une version enrichie après 2004, elle y ajoutera l’intervention du colloque d’Oran de 2005. Introduit par une courte introduction de Catherine Camus, il a fait de Maïssa un des écrivains algériens les plus camusiens: „En écoutant Maïssa, écrit Catherine Camus, je retrouvais mon père. Pas un écrivain célèbre, non, non, mon père un être humain avec sa solitude, son courage, ses déchirements. Et c’était une femme, algérienne, qui dans sa solitude et ses déchirements avait eu le courage d’une si lumineuse intelligence.“ 18 De 1993, traduit en français en 2000 aux éditions Fayard. 19 Né à Alger qu’il quitte fin 1961, intégrant la magistrature jusqu’à 1991 comme juge des enfants durant 18 ans, se consacre à la poésie. Il a publié en 2004, un nouveau recueil, Passage du témoin chez Rougerie et, depuis l’année 2000, il participe aux Rencontres méditerranéennes de Lourmarin. 20 Ainsi dans sa biographie de Camus, Olivier Todd n’en parle pas. 21 Film de James Kent, France 1997. D’après l’ouvrage d’Olivier Todd, 90’. Production: Compagnie des Phares et Balises. 100 22 Film de Jean Daniel et Joël Calmettes, France 1999, 52’. Production: CKF pour la série „Un siècle d’écrivains“ de Bernard Rapp. 23 N°52-53, Automne-Hiver 2006, 16 à 45. La couverture est très belle et toute la réalisation typographique remarquable. Elle est disponible au siège de l’association. 24 Compte-rendu publié dans les Etudes Littéraires Africaines, Paris, revue de l’Association pour l’étude des Littératures Africaines (APELA), n° 23, 2007, 105-106. Il est regrettable que ce compte-rendu soit aussi myope car la publication mérite une lecture beaucoup plus nuancée et avertie. Il ne fait que reproduire les habituels jugements en la matière. 25 10 et 11 octobre 2003. Albert Camus et les écritures algériennes - Quelles traces? , Aixen-Provence, Edisud, coll. „Les écritures du Sud“, 2004, 187p. 26 Albert Camus et Les Lettres Algériennes: l’espace de l’inter-discours, Afifa Bererhi (coord.), 2 Tomes, 503p., Université d’Alger, imp. par l’imprimerie Mauguin à Blida. L’Anthologie est incluse des 197 à 267 dans le Tome I. 27 Afifa Bererhi, „Retour de l’exilé - Retour de Némésis“, in: Albert Camus et Les Lettres Algériennes, op.cit., 7 et 8. 28 D. Ranaivoson, art. cit., 106. 29 Le pire qui existe… mais que, faute de place et d’intérêt, j’ai laissé de côté dans cet article. Le plus inattendu aussi comme dans la page web de Mohammed Chelhab consacrée au football algérien et où un article est consacré à Camus le 16 janvier 2007. Les commentaires en retour des internautes sont savoureux. Resümee: Christiane Chaulet Achour, Camusie: Algerische… Chroniken untersucht die Beziehungen Camus’ zu seinem Land, Algerien. Die „Camusie“ bezeichnet also das „imaginäre Land“, in dem algerische Schreibweisen in einen Dialog treten und miteinander rivalisieren, jene von Camus und jene sehr vieler Schriftsteller dieses Landes. „Algerische… Chroniken“ ist natürlich ein Augenzwinkern in Richtung des Titels des Autors. Der Beitrag resümiert früher publizierte Analysen und präsentiert im vorliegenden Artikel vier Ensembles von „Texten“, die seit 2004 Albert Camus gewidmet wurden: Die Antworten auf Fragen eines algerisch-arabischen Journalisten; das Resümee des ersten Camus gewidmeten Kolloquiums in Oran; das eines zweiten Treffens in Paris, jedoch in einem algerischen Milieu; schließlich die Erstellung einer Anthologie, die Texte „für“ Camus von algerischen Schriftstellern unterschiedlicher Herkunft vereint. Im Allgemeinen beschränkt sich die Camus’sche Forschung auf Klischees, wenn es darum geht, die Art einzuschätzen, wie Algerien Camus und sein Werk seit der Unabhängigkeit bewertet. All diese gut belegten Dokumente wollen zu einer besseren Kenntnis dieses Phänomens beitragen, fernab von Klischees und konventionellen Wahrnehmungen.