eJournals lendemains 42/165

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2017
42165

Parcours de recherche et collaborations interdisciplinaires: déplacements et ouvertures

2017
Thérèse Perez-Roux
ldm421650064
64 Dossier Thérèse Perez-Roux Parcours de recherche et collaborations interdisciplinaires: déplacements et ouvertures Tout homme est tiraillé entre deux besoins: le besoin de la pirogue, c’est-àdire du voyage de l’arrachement à soi-même et le besoin de l’arbre, c’est-àdire de l’enracinement, de l’identité. Les hommes errent constamment entre ces deux besoins, cédant tantôt à l’un tantôt à l’autre, jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’arbre qu’on fabrique la pirogue. Mythe mélanésien de l’île de Vanuatu Introduction Revenir sur un parcours de recherche constitue un exercice toujours périlleux car il suppose une „mise en intrigue“ (Ricœur 1990), entendue comme un travail de reconstruction de sens. Le récit, réalisé a posteriori, intègre à la fois une focalisation sur des aspects jugés plus signifiants dans l’expérience traversée, une recherche de concordance entre des éléments parfois disparates et une approche dynamique de l’hétérogène, de l’altérité et des temporalités. L’expérience même de ce retour, par l’écriture, sur le parcours scientifique participe d’un positionnement autour d’un objet et dans un champ, révélant une identité de chercheuse progressivement assumée (Perez-Roux 2012a). Ce travail d’élaboration, construit en apparence comme une histoire, n’est pourtant pas linéaire. Il est fait de va-et-vient permanents, d’ouvertures conceptuelles, de tentatives méthodologiques, de problématiques renouvelées dans des collectifs de recherche. Le parcours de recherche dont il sera question ici n’échappe pas à cette complexité. Il est organisé autour de trois entrées: l’ancrage professionnel et la pluridisciplinarité; le positionnement scientifique et ses objets; l’ouverture à d’autres approches et la fécondité des collaborations. Je choisis d’écrire ce texte en première personne car il implique la chercheuse que je suis par rapport à des valeurs, des pratiques, des expériences, revisitées à l’occasion de ce numéro thématique. Retour sur l’expérience professionnelle: un positionnement de l’entre-deux Mon expérience professionnelle s’origine dans le métier de professeur d’éducation physique et sportive ( EPS ), rapidement positionnée dans un ‚entre deux cultures‘: celle de l’ EPS et celle de l’art. La mise en œuvre de démarches artistiques au sein de l’ EPS et dans des espaces divers (ateliers de pratiques artistiques en collaboration avec des artistes et des structures culturelles, stages en direction de publics contrastés) m’ont conduite vers des projets interdisciplinaires et, de fait, vers la 65 Dossier rencontre et l’approfondissement de ce qui se fait, s’enseigne et se construit au carrefour des disciplines scolaires. A la fin des années quatre-vingt, ces diverses expériences d’enseignement et leur formalisation m’ouvrent alors l’espace de la formation continue. Je forme des enseignants qui viennent se confronter à des démarches différentes, à des pratiques artistiques qui les perturbent et les étonnent, les invitant à questionner leurs représentations du mouvement, du potentiel créatif de élèves et le sens de l’activité. En même temps, j’accompagne des lauréats de concours internes de l’enseignement et je comprends les tensions, les difficultés des enseignants confrontés à des changements institutionnels (programmes, réformes) auxquels ils sont contraints de s’adapter. Le DEA en sciences de l’éducation me servira à mieux comprendre ce qui se joue dans le temps de formation pour des professionnels parfois bousculés par les évolutions du métier et par les nouveaux contours de leur activité professionnelle, redéfinis par les prescriptions institutionnelles. Mon recrutement à l’université dans le monde des Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives ( STAPS ) m’amène à découvrir une discipline plurielle. Du côté de la formation, je puise à différentes sources (didactiques, pédagogiques, biologiques mais aussi expérientielles) pour formaliser des pratiques corporelles (Perez/ Thomas 2000). La préparation des étudiants aux écrits des concours de recrutement me conduit à convoquer des savoirs complémentaires issus de la sociologie, de la psychologie, de la philosophie. Cette période est donc pluridisciplinaire, sans forcément chercher les arrière-plans épistémologiques. Je perçois les limites d’un tel investissement et un projet de recherche se dessine peu à peu. Il est en lien avec les problématiques de formation initiale et continue. Il porte sur les identités professionnelles dans des moments d’évolution disciplinaire et ne trouve pas d’échos en STAPS . Je vais donc entrer dans le monde des sciences de l’éducation: un autre monde, une étrangeté. Il me faut à la fois comprendre ce champ aux contours flous pour celui qui s’y aventure et comprendre ce qui se joue pour moi dans cet espace: un entre-deux dans lequel je dois construire des bases solides, me légitimer, mettre à distance la formation sans en perdre les articulations avec le projet de recherche. Dans cette transition, il s’agit pour moi de passer d’une théorisation des pratiques artistiques à une réorientation vers les problématiques de formation, avec un objet complexe à appréhender, qui suppose de circuler dans différentes disciplines scientifiques pour tenter de comprendre leurs possibles articulations. 2. L’identité professionnelle au carrefour de deux disciplines C’est autour des identités professionnelles des enseignants, appréhendées comme un processus complexe et dynamique, que va s’organiser le parcours de thèse. Face à ce concept délicat à saisir, je devrai progressivement faire des choix épistémologiques et méthodologiques. Je tente alors de construire des espaces interdisciplinaires, dans le souci de faire dialoguer la question des parcours biographiques/ professionnels et les dynamiques intra/ inter-psychiques (rapport à soi), relationnelles 66 Dossier (rapport à autrui), intégrant aussi le rapport des acteurs à l’organisation (établissement scolaire, équipes disciplinaires, groupes constitués) et, de façon plus distanciée, rapport à l’institution scolaire et ses représentants (textes officiels, rectorat, inspecteurs, etc.). En même temps, d’autres appuis théoriques me semblent incontournables. Ils m’amènent progressivement à m’intéresser à des approches qui, d’ordinaire, ont tendance à s’ignorer. 2.1. Choix épistémologiques et méthodologiques Au fil du parcours de thèse, je construis donc progressivement un modèle théorique de l’identité professionnelle. Adossé aux travaux de Dubar (1992) qui présentent la „double transaction“ - biographique et relationnelle - comme un moyen d’approcher des formes identitaires, il est complété par une entrée à orientation psychosociologique (Tap 1998). Le cadre théorique pluriel qui se dessine alors nécessite de travailler à la recevabilité des choix épistémologiques de ce travail dans la communauté scientifique. En observant la manière dont les disciplines scientifiques se sont stabilisées, je repère des influences réciproques entre sociologie et psychologie sociale comme en attestent notamment les travaux de Mead (1934) qui, dans une perspective interactionniste, se situent au carrefour de plusieurs courants de pensée. 1 Je m’intéresse aux processus identitaires en travaillant un outillage méthodologique particulier: temporalités longues pour voir les transformations et, en même temps, recherche progressive de clarification/ renforcement des relations acteursinstitution, en donnant au sujet une place essentielle. Je constate que parler d’identité expose à de multiples interprétations, tant la polysémie du mot déroute. Plusieurs champs disciplinaires s’intéressent à ce ‚concept nomade‘, mais la diversité des approches de la notion d’identité provient d’abord d’une différence de perspective des niveaux d’analyse et des types d’objets étudiés (identité nationale, des groupes, personnelle ou professionnelle, etc.). 2 Au-delà du niveau d’analyse choisi, l’identité reste un concept carrefour et complexe dont il est difficile de faire le tour sans se perdre dans une multitude d’éléments contribuant de près ou de loin à la définir. Pourtant, que l’approche soit philosophique, psychologique ou sociologique, on retrouve des axes fondateurs pensés le plus souvent en tension: permanence / changement, identité pour soi / identité pour autrui, unité / pluralité. Nombre d’auteurs ont souligné l’impossibilité de circonscrire très clairement cette notion: „plus on écrit sur ce thème et plus les mots s’érigent en limite autour d’une réalité aussi insondable que partout envahissante“ (Erikson 1968: 5). Mucchielli (1986) porte un regard critique sur toute approche totalisante: „aucune science ne peut définir ‚l’identité totale‘ d’un acteur. Chaque science en propose une approche, un point de vue qui s’apparente à la perception partielle de la subjectivité humaine. L’identité ‚totale‘ reste virtuelle“ (Mucchielli 1986: 18). L’intérêt réside dans les enjeux épistémologiques et méthodologiques qui entourent cette notion: quel que soit le niveau d’analyse envisagé, le chercheur réduit la complexité en sélectionnant les 67 Dossier aspects les plus pertinents au regard de son cadre théorique et oriente sa synthèse finale en fonction du contexte d’utilisation des résultats. En dernier ressort, le lecteur sélectionne à son tour ce qui fait sens pour lui, au risque d’une approche partielle, à laquelle il tente de donner une consistance. Revendiquant une position à la fois systémique et constructive, Mucchielli inscrit son approche de l’identité dans le paradigme de la complexité. 2.2. Un triple ancrage théorique pour aborder un concept carrefour et complexe Plusieurs sociologues ont réalisé une synthèse de théories éclairant le concept d’identité avant de présenter leurs propres travaux en ce domaine (Dubar 1991, Martuccelli 2002, Kaufmann 2004). Chacun revient sur les pères fondateurs, sur les convergences (complexité, tensions, dynamique) et sur ce qui fonde leur point de vue particulier. Sans reprendre ici ces synthèses éclairées qui constituent pourtant la toile de fond de mes propres recherches, je retiendrai les auteurs les plus influents dans l’élaboration progressive de mes cadres théorique et méthodologique, construits de façon conjointe et articulée, avec un socle stabilisé et des évolutions liées aux terrains de recherche, aux lectures et aux collaborations scientifiques. Mon approche de l’identité croise donc plusieurs éclairages. 3 Cela suppose de regarder comment s’articulent des constructions théoriques marquées au plan disciplinaire „mais dont la tendance commune consiste à considérer le rapport sujetautrui-environnement. Leur différence tient dans le paradigme dans lequel elles s’insèrent (un paradigme donnant la préférence à une dynamique individuelle, ou à une dynamique interindividuelle ou encore à une dynamique sociale)“ (Wittorski 2008: 197). L’auteur précise: En psychologie, la préférence pour une dynamique individuelle tend à définir l’identité à travers des sentiments qui constituent des propriétés attachées au sujet individuel. En psychosociologie, la préférence porte sur la dynamique interindividuelle en insistant sur les modalités de construction de l’identité sociale; mécanismes de catégorisation sociale, de conceptualisation et de comparaison sociale inter-groupes sont retenus comme structurant les identités. En sociologie, la préférence s’inscrit dans une dynamique sociale, positionnant l’identité comme objet et enjeu de transactions/ négociations entre les groupes sociaux euxmêmes ou entre les groupes et les institutions (ibid.: 198). Le cadre théorique que je mobilise se fonde sur une triple entrée. Mon approche de l’identité est systémique, constructiviste et compréhensive. Mais ce système s’est construit progressivement au croisement de deux champs théoriques complémentaires: celui de la psychologie sociale et celui de la sociologie, tous les deux sensibles aux perspectives interactionnistes. Au carrefour d’une sociologie ‚compréhensive‘, en référence à l’orientation weberienne, et d’une approche psychosociologique, j’envisage l’identité professionnelle comme un processus complexe et dynamique situé à l'articulation de plusieurs dimensions, plus ou moins en tension, suscitant divers registres de transactions, entendues comme „des actions qui traversent la situation individuelle et nécessitent 68 Dossier Fig 1: Identité professionnelle et choix théoriques: vers un modèle articulé (Perez-Roux 2012a) délibérations, ajustements et compromis: qu’elles soient d’ordre biographique ou relationnel, il s’agit pour le sujet de peser le pour et le contre, d’apprécier les avantages et les risques, d’échanger du possible contre de l’acquis“ (Dubar 1992: 521). Au fil des recherches, j’élabore le modèle de la „triple transaction“ (Perez-Roux 2011): transaction entre continuité et changement (dimension biographique), entre soi et autrui (dimension relationnelle), entre unité et diversité (dimension intégrative). Ces transactions opèrent de façon conjointe et relativement complexe. Tout d’abord, l’individu préserve le sentiment de rester le même au fil du temps et doit nécessairement s’adapter, en fonction de changements plus ou moins souhaités et/ ou contrôlés: l’itinéraire professionnel (choix d’orientation, type de formation, compétences acquises, emplois, etc.) intègre cet axe continuité-changement à travers un couplage entre histoire du sujet et modifications du cadre professionnel. Par ailleurs, l’individu élabore une image de soi en relation (accord, tension, contradiction) avec celles que, selon lui, les autres lui attribuent: le sentiment de reconnaissance ou de non reconnaissance d’autrui qui en découle se révèle essentiel dans la construction identitaire. Enfin, l’individu fait en sorte de conserver une cohérence interne (unité) tout en développant une relative diversité à travers de multiples ressources (cognitives, affectives, morales, sociales, organisationnelles, etc.) sur lesquelles il peut s’appuyer pour s’adapter à des situations changeantes. Les pôles continuité, unité et définition de soi constituent une sorte d’ancrage du sujet dans son histoire. Les pôles changement, diversité et reconnaissance d’autrui, davantage liés aux contextes traversés et aux environnements sociaux, constituent Identité professionnelle Psychologie sociale Multidimensionnalité Tap 1980, Muchielli 1986, Lypianski 2008 Sociologie ‚compréhensive‘ Subjectivité de l'acteur et sens donné à l'action Weber 1922, Dubar 1991, 2000, Dubet 1994, Martuccelli 2002 Perspective interactionniste Tensions, stratégies, dynamiques Mead 1934, Becker 1985, Goffman 1973, Camilleri et al. 1990, Kaddouri 2008 69 Dossier des éléments permettant de s’inscrire dans une dynamique identitaire et favorisant les recompositions de soi. Ce système dynamique intègre donc plusieurs registres de tensions. Pour Kaddouri (2000), il s’agit de tensions entre les différentes composantes de l’identité mais aussi vers un projet identitaire, qui exprime l’orientation dans laquelle se trouve inscrit un individu à un moment donné de sa vie. L’orientation et les tensions qui le sous-tendent donnent lieu à des transactions identitaires qui prennent appui sur des actes et des discours et ont pour fonction, selon les cas, de réduire, de maintenir ou d’empêcher les tensions d’ordre intra et inter-psychiques; ces transactions visent une recherche de cohésion entre les différentes composantes de l’identité et la poursuite de la réalisation du projet identitaire. La compréhension de ces différentes transactions est abordée à travers l’étude des relations entre représentations, valeurs et pratiques. Si je prends appui sur la notion de représentations, c’est parce que celles-ci correspondent à des formes de connaissances porteuses de valeurs (Moscovici 1961, Jodelet 1989) qui donnent sens à la pratique et légitiment une certaine vision du monde. Elles servent à agir et réagir face à l’environnement tout en conservant un équilibre cognitif dans un contexte professionnel particulier. Elles permettent aux individus de fonder, de justifier et de rationaliser leurs choix. Considérées comme des grilles de lecture d’un environnement spécifique, elles sont en lien avec la pratique et les savoirs, avec lesquels elles forment les composantes essentielles du système professionnel. En ce sens, les représentations sont des matrices d’action qui contribuent à la dynamique des identités professionnelles (Blin 1997). On saisit ici l’importance de l’éclairage psycho-social dans l’approche des identités qui, par ailleurs, croise une perspective sociologique intégrant parcours de formation, diplômes, statuts, et plus largement rapport au travail. En ce sens, les dynamiques identitaires se révèlent dans les pratiques, jusqu’ici déclarées à travers les discours des individus interrogés par le chercheur. Le contexte de recherche dans lequel je m’inscris à ce moment-là, va me permettre d’aller plus loin dans l’approche des identités en articulant représentations et pratiques effectives. 3. Un contexte local favorable à des collaborations entre chercheurs 3.1. Historique d’une intégration, prémisses d’un déplacement En 2003, mon arrivée au Centre de Recherches en Education de Nantes ( CREN ) s’accompagne d’une contribution à l’axe ‚analyse plurielle‘, coordonné par Marguerite Altet et organisé autour d’une approche pluridisciplinaire: Le CREN a constitué une équipe de chercheurs autour d’un projet d’analyse du processus enseignement / apprentissage: didacticiens, épistémologue, psychopédagogue, psychologue, sociologue, linguiste. L’équipe a choisi d’analyser des séquences de classe de „pratiques ordinaires“ enregistrées en vidéo. Le choix des séquences et entretiens, (discipline, thème des séquences, niveau de classe) est effectué par l’ensemble des chercheurs. Chaque 70 Dossier chercheur dispose des mêmes données, (bande vidéo, scripts), et mène son analyse individuelle à partir de son entrée disciplinaire et de ses concepts. Il s’agit alors, dans une seconde phase, de construire le travail commun dans des séances de confrontation et de croisement des analyses. La confrontation entre chercheurs consiste à questionner les approches utilisées en s’attachant à pointer les rapprochements potentiels mais aussi les apports spécifiques de chaque entrée, de manière à reconstruire ensemble une problématique nouvelle acceptée par tous, prenant en compte les différentes approches et les croisant (Altet 2002: 88). Dans un premier temps (2003-2006), je suis invitée à renforcer l’équipe. Je mobilise et adapte mon cadre théorique et méthodologique pour analyser des données de séances de classe filmées et retranscrites. Ces analyses visant à mieux éclairer la complexité du processus enseigner-apprendre, sont croisées avec celles d’autres chercheurs, sur des corpus pensés et recueillis par des didacticiens. Il n’est pas question alors d’entretiens complémentaires conduits avec les enseignants qui reçoivent le chercheur dans leur classe. Le travail d’élaboration des séances se fait en amont avec le praticien et des régulations sont apportées entre deux séances pour réajuster des aspects proprement didactiques. De fait, seuls les didacticiens à l’initiative de l’étude ont accès à ce que vit et ressent le praticien mais cela ne constitue pas une trace mise en commun dans l’équipe de chercheurs. Au moment où je rejoins cette équipe, Isabelle Vinatier, chercheure en didactique professionnelle, engage un travail de recueil complémentaire. Le corpus à disposition de l’équipe de chercheurs s’enrichit donc d’un entretien réalisé a posteriori, sur la base des traces de l’activité (vidéoscopie et retranscription verbatim). Si le premier type de corpus centré uniquement sur la pratique limitait mes propres analyses, le deuxième type de corpus laissant la parole au professionnel documente les aspects identitaires ‚insérés‘ dans l’activité et ce qu’en dévoile l’acteur. L’analyse d’un entretien, avec la pratique pour ‚toile de fond‘ des interactions verbales, me permet d’accéder à un ensemble de représentations professionnelles et de valeurs, en lien… … avec l’activité du professionnel: cette approche modifie mes façons de faire de la recherche en passant des pratiques déclarées, aux pratiques effectives puis à l’analyse de l’activité. D’autre part elle me sensibilise à l’intérêt d’analyses conjointes; … avec la trajectoire professionnelle sur laquelle ce dernier n’a de cesse de revenir, vivant au moment de l’entretien une transition professionnelle (d’enseignant à formateur d’enseignant). L’ouvrage coordonné par Vinatier et Altet (2008) rend compte de cette expérience. Ma contribution mobilise le cadre théorique de la ‚triple transaction‘ et réoriente/ réadapte les aspects d’ordre méthodologique, ouvrant aussi de nouvelles perspectives de recherche. 3.2. Recherches collaboratives et ouverture sur/ autour de l’activité Mon travail de recherche au sein de l’axe ‚Analyse plurielle‘ du CREN évolue de manière plus importante dans le cadre de la recherche ‚OUtils pour la FORmation, 71 Dossier l’Education et la Prévention‘ ( OUFOREP , 2007-2011). Ce projet, sous la responsabilité scientifique de Marguerite Altet ( CREN , Université de Nantes) et Annick Weil- Barais ( LPA , Université d’Angers) tente de montrer qu’il est possible de mieux former les professionnels si l’on connaît mieux leur activité professionnelle et si l’on met à leur disposition des outils de travail efficaces. Réunissant l’ensemble des unités de recherche en psychologie et en sciences de l’éducation des universités de la Région Pays de Loire, ainsi que des professionnels de centres de formation, il me permet de travailler conjointement avec des chercheurs du champ de la didactique professionnelle, grâce auxquels je vais aborder l’identité au prisme de l’activité. Je construis progressivement une méthodologie d’approche de corpus complémentaires (retranscriptions de séances de conseil, entretiens de co-explicitation entre formateurs et chercheur) sans perdre de vue l’objet de mes questionnements: les enjeux identitaires dans les situations de travail. Cette recherche collaborative donne au sujet et aux collectifs professionnels une place importante; par ailleurs le dispositif proposé offre des perspectives fécondes pour la formation. Ces perspectives sont réactivées dans le temps bousculé des transitions institutionnelles. Cela m’amène à investir une dimension formative dans l’approche des transitions. La finalité du travail collaboratif s’oriente vers l’accompagnement des transitions (entre deux fonctions, entre deux modèles de formation, etc.) pour (re)donner du pouvoir d’agir aux professionnels qui, au bout du compte, décideront de leur mode d’appropriation-distanciation vis-à-vis des injonctions qui leur sont faites. Le terrain de cette recherche permet aussi une orientation nouvelle: le déplacement vers les formateurs de terrain ‚en prise‘ avec les situations de conseil me donne la possibilité d’appréhender un certain nombre de tensions au plan identitaire, liées à la fois au double statut (enseignant-formateur) et à la double mission (accompagnerévaluer). Ces néo formateurs tentent, par un travail collaboratif, de mettre en lumière leur pratique, de la croiser au sein d’un collectif de pairs, précisant ainsi les contours d’un „genre professionnel“ en construction (Clot 1999, Vinatier 2009, Perez-Roux 2015). Je mets ainsi à l’épreuve un modèle conceptuel mobilisant représentations, valeurs, pratiques (objectivées) et implication pour saisir les transactions d’ordre biographique et relationnel qui se jouent dans l’espace-temps de l’entretien de conseil (Perez-Roux 2009). Au plan méthodologique je revisite, en l’adaptant au corpus, la démarche de l’analyse structurale proposée par Demazière et Dubar (1997): au-delà d’un repérage des séquences, le travail à partir des actants et des propositions met à jour une structure des oppositions entre les deux inter-actants. Des transactions identitaires permettent des formes de dépassement de conflits fortement articulés aux systèmes de valeurs des professionnels confrontés aux pratiques des débutants. Elles mettent aussi en lumière une dynamique de déplacement, contrainte par la situation de conseil: dans le cas proposé, on repère un agir professionnel en construction tant pour l’enseignant novice que pour le formateur novice. 72 Dossier Par ailleurs, l’étude conduite dans le cadre de la recherche Ouforep intitulé „Dispositifs d’accompagnement des professionnels“ m’a permis d’appréhender, à partir de l’analyse de l’activité d’un formateur dit ‚de terrain‘, un dispositif de coexplicitation mis en œuvre dans la durée (deux ans) et les effets de ce dispositif en termes de développement identitaire du (des) professionnel(s). Ce cheminement théorique et méthodologique a nécessité la construction d’une nouvelle manière d’envisager les entretiens de conseil puis les entretiens de co-explicitation, à partir d’une analyse de l’activité, sous tendue par de puissants enjeux identitaires (Perez- Roux 2012b). Les analyses croisées entre mon approche et celle de la didactique professionnelle ont fait émerger des complémentarités. Des proximités sont apparues autour de deux aspects: - l’articulation valeurs / ‚principes tenus pour vrais‘ - savoirs/ compétences - implication subjective autour de l’activité; - les ‚variables du sujet‘ et ‚l’identité-en-acte‘, dont nous ne reprendrons pas la discussion développée ailleurs (Perez-Roux 2012a). 4. Travailler ‚l’inter‘: aller vers l’autre sans se perdre 4.1. Fécondité et complémentarités d’un détour par l’activité Dans cette approche conjointe, qui suppose de travailler sur des corpus communs, la ‚triple transaction‘ est diversement documentée. La dimension relationnelle via les interactions est très approfondie en situation de conseil ou de co-explicitation (posture meta), mais quasi exclusivement du point de vue de l’engagement dans l’action, de l’identité-en-acte (Vinatier 2009). L’image de soi pour autrui est donc triangulée avec le corpus, connu de tous et renvoyant au professionnel une image qu’il convient d’apprivoiser. Tous les inter-actants ne sont donc pas ‚convoqués‘ pour - et dans - la co-analyse (notamment les formés), alors qu’ils pourraient apporter un éclairage indirect, intéressant pour comprendre le sens que des professionnels donnent à leur travail. Enfin, les dimensions biographique et intégrative qui nécessitent de documenter les parcours, les engagements, les équilibres dans et hors de l’espace de travail, sont peu présents. C’est l’activité et le retour sur l’activité qui orientent et font émerger (ou pas) certains éléments éclairant ces dimensions. De ce point de vue, de nouvelles pistes méthodologiques restent à creuser: la fécondité des approches nécessite des conditions favorables pour que chaque entrée puisse se déployer de façon optimale. Au plan des convergences, dans l’approche de l’identité-en-acte se retrouvent certaines composantes identitaires à ancrage psychologique, alors que mon modèle est orienté de façon plus forte sur des entrées sociologiques combinées. L’identité-en-acte s’inscrit dans une conception interactive entre représentation du sujet sur son identité professionnelle et activité. Par ailleurs les invariants d’ordre situationnel sont combinés avec les invariants du sujet (Vinatier 2002): ces 73 Dossier derniers renvoient aux catégories de jugement, aux valeurs, aux intérêts et motivations de la personne, „redéfinis en permanence dans le déroulement temporel de l’interaction“. L’identité-en-acte se situe au carrefour des invariants situationnels et des invariants du sujet. Cette approche intègre aussi la question de la reconnaissance de la place et des besoins de chacun dans l’interaction. 4 Plusieurs éléments peuvent être considérés comme convergents pour appréhender la question de l’identité professionnelle. Les analyses croisées de corpus communs produisent du ‚frottement conceptuel‘ mais permettent d’approfondir des aspects peu travaillés (l’activité et ses traces). Cette ouverture et cette implication au sein d’équipes de chercheurs donne une orientation nouvelle à mon travail et m’apparaît aujourd’hui: a) comme un moyen de progresser dans la compréhension scientifique d’objets complexes; b) comme un levier pour la formation et pour l’accompagnement des dynamiques identitaires en période de transitions institutionnelles et professionnelles (Perez-Roux 2015). 4.2. De l’interdisciplinarité au questionnement identitaire du chercheur Au terme de cette expérience de travail collaboratif entre chercheurs, de nombreux chantiers restent ouverts et nécessitent de poursuivre des échanges scientifiques féconds tout en approfondissant au plan théorique et méthodologique ce que cela génère comme (nouvelles) questions. Comment et jusqu’où construire un cadre cohérent reliant une approche sociologique des identités et une approche plus radicalement psychologique développée en didactique professionnelle? Comment faire réellement dialoguer les différents niveaux d’analyse autour desquels je ‚circule‘ depuis plusieurs années? La prise en compte de la complexité reste une entreprise périlleuse et si j’ai choisi d’inscrire mon travail en sciences de l’éducation, c’est sans doute parce que dès le départ, intuitivement, je souhaitais articuler des niveaux, des regards, des expériences différenciées de recherche. Ce choix comporte des richesses indéniables mais aussi des limites. Pour le dire autrement, il invite à rester vigilant sur les déplacements opérés, sur les controverses au sein de la communauté des chercheurs et sur ses propres lignes de force à affirmer, sans les figer. Le travail dans des équipes de recherche a largement participé à mon évolution: ouverture sur d’autres champs scientifiques, ouverture sur de nouvelles problématiques et sur de nouveaux publics, prise en compte d’éclairages complémentaires. La conduite d’un séminaire inter-axes du CREN pendant quatre années (2008-2011) m’a aussi permis de mesurer la difficulté de l’entreprise. Le passage d’une juxtaposition des regards sur un objet commun à une réelle mise en relation des apports de la recherche reste pour moi un défi, relevé partiellement dans la conclusion de l’ouvrage intitulé: „La professionnalité enseignante: modalités de construction en formation“ (Perez-Roux 2012c). Je souhaite enfin évoquer la résonance personnelle du parcours. C’est autour de quelques termes ‚construction‘, ‚sujet‘, ‚processus‘, ‚contextes‘, ‚ouverture‘ que je pourrais décrire mon itinéraire de chercheuse en sciences de l’éducation. Retourner 74 Dossier sur les lieux et les moments de ‚l’inter‘, les faire émerger au cœur de l’identité narrative (Ricœur 1990), aide à poser une signature qui dépasse la seule place de chercheuse. Le parcours scientifique entre ici en résonance avec d’autres sphères d’investissement où la question de ‚l’inter‘ s’invite en permanence et organise mes choix. En somme, travailler dans cette ‚zone de l’inter‘ symbolise pour moi l’utopie du lien entre deux mondes: un moyen de repérer, de tisser et de (se) mettre en perspective, dans l’espace scientifique et bien au-delà. 5. Conclusion et perspectives Au terme de cet article, on comprend combien l’histoire même du chercheur (son expérience, ses pratiques, ses valeurs) tient une place essentielle pour développer des collaborations scientifiques. La manière dont ce dernier se saisit (ou pas) d’ouvertures partielles, son degré d’acceptation des déplacements, des questionnements que crée l’altérité constitue un élément incontournable pour s’engager dans des formes d’interdisciplinarité. Par ailleurs, on saisit aussi le poids des contextes plus ou moins porteurs pour que des rencontres scientifiques et humaines puissent advenir dans l’espace de la recherche. Pour ce qui me concerne, suite à une mutation professionnelle, de nouvelles collaborations s’amorcent. Il aura fallu trois ans pour construire une altérité féconde, une confiance, un projet scientifique solide. Ce projet devrait me permettre, au-delà des dialogues scientifiques à poursuivre en sciences de l’éducation, de revenir sur le terrain du monde artistique et de relier ce qui, entre ces mondes, restait encore disjoint. Il en va de même entre les cultures se découvrant dans leurs fécondités respectives comme autant de ressources qui non seulement sont à explorer, mais aussi que chacun dès lors peut exploiter, et ce quel que soit son appartenance de départ et lieu d’origine (Jullien 2012: 8). Altet, Marguerite, „L’analyse plurielle de la pratique enseignante, une démarche de recherche“, in: Revue française de pédagogie, 138, 2002, 85-93. Blin, Jean-François, Représentations, pratiques et identité professionnelle, Paris, L’Harmattan, 1997. Brubaker, Rogers, „Au-delà de l’‚identité’“, in: Actes de la recherche en sciences sociales, 139, 2001, 66-85. Clot, Yves, La fonction psychologique du travail, Paris, PUF, 1999. De Fornel, Michel / Leon, Jacqueline, „L’analyse de conversation, de l’ethnométhodologie à la linguistique interactionnelle“, in: Histoire Épistémologie Langage, 22 (1), 2000, 131-155. Demazière, Didier / Dubar, Claude, Analyser les entretiens biographiques, Paris, Nathan, 1997. Dubar, Claude, „Formes identitaires et socialisation professionnelle“, in: Revue française de sociologie, 33(4), 1992, 505-529. —, La socialisation: construction des identités sociales et professionnelles, Paris, Armand Colin, 1991. Erikson, Erik, Identity, Londres, Faber and Faber, 1968. 75 Dossier Gohier, Christiane / Anadon, Martha / Bouchard, Yvon / Charbonneau, Benoit / Chevrier, Jacques, „La construction identitaire de l’enseignant sur le plan professionnel: un processus dynamique et interactif“, in: Revue des Sciences de l’éducation, XXVII (1), 2001, 3-32. Jodelet, Denise, Les représentations sociales, Paris, PUF, 1989. Jullien, François, „L’écart et l’entre. Ou comment penser l’altérité“, in: Fondation maison des sciences de l’homme, 3, 2012, 1-9. Kaddouri, Mokhtar, „Retour réflexif sur les dynamiques identitaires“, in: Christiane Gohier / Christian Alin (ed.), Enseignant-formateur: la construction de l’identité professionnelle, Paris, L’Harmattan, 2000, 195-212. Kaufmann, Jean-Claude, L’invention de soi. Une théorie de l’identité, Paris, Armand Colin, 2004. Lahire, Bernard, L’homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, Nathan, 1998. Martuccelli, Danilo, Grammaires de l’individu, Paris, Gallimard, 2002. Mead, George Herbert, Mind, Self and Society, Chicago, University of Chicago Press, 1934. Moscovici, Serge, La psychanalyse, son image et son public, Paris, PUF, 1961. Mucchielli, Alex, L’identité, Paris, PUF, 1986. Perez, Tizo / Thomas, Annie, Danser les Arts, Paris, SCEREN, 2000. 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En 1998, Lahire propose une „sociologie psychologique“ pour rendre compte des „ressorts de l’action“ de L’homme pluriel. 2 Par exemple, dans un article paru dans la Revue Française de sociologie (2001), R. Brubaker catégorise deux approches de l’identité: 1) une approche ‚dure‘, dans laquelle se situe l’auteur, en référence aux cadres sociologiques développés par E. Durkheim, et dans laquelle l’identité est entendue au fondement de l’action sociale et politique. Ceci suppose une similitude fondamentale entre les membres d’un groupe (conscience commune et action collective) et des individualités saisies à travers des aspects constants et fondateurs, ce qui permet de dépasser la nature instable, multiple, fluctuante et fragmentée du moi contemporain; 2) une approche ‚molle‘, de type constructiviste, qui prend en compte les catégories profanes, populaires, liées à l’expérience sociale quotidienne. Cette approche permet aux acteurs de rendre compte d’eux-mêmes, de leurs activités, de leurs appartenances et de leurs différences. Puisant ses concepts à la fois dans la psychologie sociale et dans une sociologie compréhensive, elle s’intéresse au sujet singulier. C’est dans cette dernière perspective que j’inscris mes propres travaux sur l’identité professionnelle des enseignants, niveau d’analyse très différent de celui choisi par R. Brubaker lorsqu’il tente d’appréhender la question et les enjeux des identités nationales. 3 Dans le temps où je finalise ma thèse, une équipe de chercheurs québecois autour de C. Gohier (2001) travaille sur l’identité professionnelle des enseignants à partir d’un cadre théorique très proche du mien en alliant une entrée psycho-sociale et sociologique. 4 À ce titre, on peut noter que ces dynamiques d’interaction ont aussi été abordées par l’ethnométhodologie et les travaux sur l’ethnographie de la conversation qui en sont issus (cf. De Fornel / Léon, L’analyse de conversation, de l’ethnométhodologie à la linguistique interactionnelle, 2000).