eJournals lendemains 35/138-139

lendemains
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
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2010
35138-139

ISCC Pôle Aquitaine: la piste africaine

2010
Noble Akam
ldm35138-1390110
110 Dossier Noble Akam ISCC Pôle Aquitaine: la piste africaine 1 Du droit à la différence revendiqué par la négritude à la revendication d’une contribution déterminante à la culture universelle prônée par l’afrocentrisme, Léopold Sédar Senghor et Cheikh Anta Diop avaient sans aucun doute le même souci: le droit au respect des cultures africaines. Mais le raisonnement chez tous deux présentait aussi la même faille: la civilisation égyptienne dont l’afrocentrisme réclamait la filiation n’était pas seule face à la civilisation judéo-chrétienne dans l’histoire de l’humanité et les noirs d’Afrique avec leur extension américaine n’avaient pas pour seul point de comparaison les peuples blancs de l’Europe Occidentale avec leur extension américaine. Aux préoccupations culturelles et politiques du Panafricanisme, la naissance du Tiers-Monde a substitué ou ajouté la dimension socio-économique et mondialisé les oppositions. Inscrit désormais dans une confrontation plus large, l’affrontement Afrique-Europe n’en est pas moins vif, d’autant plus qu’il semble enfermé dans une relation de dépendance réciproque. Cette dépendance réciproque est liée à une part commune d’histoire, à une part de vie partagée, à des valeurs échangées et, souvent, à une langue et une part de culture en partage. Par delà cette parenté socio-historique et culturelle qui pourrait inciter à une forme de solidarité à travers le partage, la mondialisation pose brutalement la question de „la réalité des partages entre les savoirs des continents différents, surtout vis-à-vis de ceux qui sont avides d’avoir accès à l’intégralité de la culture sous tous ses aspects“ (Annie Lenoble-Bart). Dans une société de l’information où la détention d’un savoir non partagé ou mieux maîtrisé procure un avantage compétitif, peut-on parler sérieusement de partage, qui sous-entend la jouissance simultanée d’un bien, voire d’un dû? Beaucoup ont raison, dans cette hypothèse de partage des savoirs avec l’Afrique, de mettre en avant la notion d’échange et de passer en revue les biens et les valeurs qui pourraient prendre part à cet échange (Alioune Fall). Ce serait même en résonnance avec la théorie des avantages comparatifs qui constitue l’un des arguments pivots de la libéralisation des échanges et de la mondialisation. 2 Des biens matériels comme immatériels peuvent émerger de savoirs différenciés de gestion de la complexité (Noble Akam) et des productions sociales africaines de savoir-faire, de savoir-vivre (Anne-Marie Laulan) et du traitement de l’humain (Salam Sall), et servir, sans qu’un équilibre théorique soit nécessaire, de monnaie d’échange. Dans cette perspective d’échange réciproque, que peut-on partager? Nous pouvons partager, du moins accepter de partager ce que nous avons, en l’occurrence savons, et estimons partageable. De nombreux domaines scientifiques font heureusement partie de ces savoirs partageables aux côtés des connaissances empiriques. Mais 111 Dossier la question n’est peut-être pas tant „quoi partager“ que „comment partager? “ Les étapes successives du partage peuvent être : présenter, faire connaître, donner le désir de recevoir, laisser appréhender assister à l’appropriation. 3 Dans la perspective d’une réflexion ou d’une recherche sur le thème de partage des savoirs avec l’Afrique, deux situations président aux processus de ce partage qui peuvent nous intéresser: la situation de formation à l’Université avec la transmission de savoirs organisés, de sciences, c’est-à-dire de connaissances d’une valeur universelle, fondées sur des relations objectives vérifiables; la situation, en dehors de l’Université, de transmission ou de formation par l’expérience, extrêmement diversifiée. Parmi les nombreuses réalisations possibles et vraisemblables de ces situations, la thématique de la gouvernance universitaire (Bonaventure Mvé-Ondo) présente un intérêt particulier compte tenu de la diversité des approches qu’elle suggère. Entre autres: celle des conditions d’acquisition, d’organisation, de gestion et de transmission des savoirs, celle de la production des contenus scientifiques et pédagogiques partageables, celle de la coopération pédagogique et des échanges, celle des relations entre les acteurs du partage, celle des conditions de l’insertion de l’université dans les environnements social économique et culturel. 1 Ce texte ci-dessous a servi d’introduction au débat, dont une grande partie fut consacrée à l’exposé du Vice recteur Bonaventure Mve-Ondo, chargé par l’AUF d’une mission sur la gouvernance des Universités africaines (anglophones et francophones). Les échanges d’expériences, les travaux, la participation à des colloques internationaux nourrissent ceux qui parcourent la „piste africaine“ de l’Institut des Sciences de la Communication (ISCC). 2 Lafrance, Laulan et Soto dir: Place et rôle de la communication pour le développement international, Presses Université Laval,Qu. 2007. 3 „Le maître mot est l’appropriation“ (Didier Oillo) et des outils existent qui peuvent non seulement favoriser cette appropriation, mais aussi générer des usages et des pratiques innovants susceptibles de prendre part à l’échange.